Les évolutions politiques de l’Espagne et de l’Argentine ont toujours montré un certain parallélisme.

Photo : Rajoy, Partido Popular de Cantabria

Pour commencer, les deux pays se sont engagés dans le processus de démocratisation au même moment, au début des années 80. Dans les 2 cas, il s’est produit un évènement traumatisant au début de ce processus : la tentative de coup d’Etat de Tejero en 1981 en Espagne, la guerre des Malouines l’année suivante en Argentine.

Les 5 ans et demi du gouvernement de Raul Alfonsin qui ont suivi ont coïncidé idéologiquement avec l’administration sociale-démocrate de Felipe Gonzales en Espagne, ce qui a crée de nombreuses affinités politiques. Et les relations privilégiées entre les 2 pays n’ont par la suite jamais cessé : pendant le gouvernement de Menem et le 3e gouvernement du PSOE en Espagne, les investissements espagnols dans les privatisations argentines ont été importants, en dépit des divergences politiques. Pendant le 1er gouvernement de Aznar et le 2nd de Menem, la coïncidence idéologique s’est ajoutée à l’approfondissement de la relation économique. Même pendant la crise argentine de 2001-2002, en dépit de ce que la situation a impliqué pour les investissements espagnols, aucun des plus importants d’entre eux ne s’est retiré du pays. Enfin, la victoire du PSOE de Zapatero en Espagne, qui a correspondu aux 2 mandats de Kirchner en Argentine, a établi une relation facilitée par l’affinité idéologique.

Aujourd’hui, avec le triomphe de Rajoy, l’idéologie sépare à nouveau les gouvernements et les discours des 2 pays. Le leader du PP est fermement engagé dans une politique d’austérité fiscale, politique très critiquée par la Présidente argentine. Mais les affinités personnelles peuvent tempérer ces différences : c’est par exemple ce qui s’est produit entre Cristina Kirchner et son homologue français Nicolas Sarkozy. Ainsi, le rôle de l’Espagne continue et continuera probablement à être important dans le région et dans le pays.

Mais la leçon la plus importante qu’il faut tirer de ces élections espagnoles, est la confirmation qu’une fois encore, la question de l’économie est primordiale pour gagner ou perdre une élection, même si cela peut sembler évident.

En Irlande, le gouvernement de centre-droite est tombé pour être remplacé par un centre-gauche quand il s’est produit exactement l’inverse au Portugal, mais toujours pour des raisons économiques. En Italie et en Grèce, 2 gouvernements sont tombés en raison de leur incapacité à instaurer une confiance économique dans leur pays.

Si le succès de Cristina s’explique en grande partie grâce à la croissance et à la consommation, alors que celui de Rajoy s’explique par son opposition à la récession et à l’augmentation du chômage, c’est bien toujours la situation économique qui a joué un rôle clé.

En conclusion : une relation politique bilatérale peut être un peu plus complexe et la confirmation, une fois encore, de l’importance de l’économie pour gagner ou perdre une élection… voilà ce que l’Argentine doit retenir de la victoire de Rajoy.

Source : La Argentina y el triunfo de Rajoy