La vie d’Olivier Page, c’est comme un film… d’aventure bien sûr! Si cet “écrivain voyageur”, rédacteur et responsable d’édition pour le Guide du Routard depuis 20 ans, s’intéresse habituellement aux peuples et aux pays du monde les plus éloignés de son univers, il a cette fois accepté d’inverser les rôles et de nous dévoiler quelques bribes de son fabuleux parcours.

Olivier Page – auteur et rédacteur pour le Guide du Routard

Qui n’a jamais rêvé de faire partie des auteurs du Guide du Routard ? Tous les curieux du monde se sont demandés  un jour :  comment faire pour vivre de sa passion? Comment intégrer une telle équipe et faire profiter les voyageurs de ses découvertes à l’autre bout de la planète? Olivier nous apprend qu’il n’y a pas de parcours idéal, mais que cette aventure ne tombe pas non plus sur le premier routard venu, loin de là !

Une bonne étoile…

Olivier Page est né en 1956 à Dinard, avenue Georges V, dans la villa Beauregard, une maison qu’avait loué Picasso en 1927. Une photo du petit Paulo dans les bras de son père Pablo Picasso présente d’ailleurs d’étranges similitudes avec un cliché d’Olivier et son père, au même âge et même endroit, une trentaine d’années plus tard…

Sa naissance et son adolescence en bord de mer, à Dinard puis Landerneau (Finistère), font de lui non pas un marin mais bien un “amoureux des océans, qui ressent l’appel du grand large.” Comme il l’explique bien, Olivier Page se sent “50% sédentaire, 50% nomade”. Son besoin de partir pour mieux revenir pourrait être l’héritage de sa famille ! Passionné par la généalogie, Olivier suit depuis longtemps déjà les traces de ses ancêtres. Son grand-père, enfant de bonne famille, avait épousé une jeune danseuse d’avant-garde, contre toute attente de ses parents. Cette danseuse, issue d’une génération d’artistes, amena comme un brin de folie dans la famille en montant un cours de danse de salon de haut niveau, tandis que son frère participait à l’introduction du Tango argentin et de la Samba brésilienne en France… Nul doute que cette grand-mère artiste a transmis à Olivier le piment nécessaire à tout aventurier !

Olivier Page et Vincent Chevalier

Un brin mystique…

Olivier Page croit aux alter-égo, aux “autres moi” : “quelqu’un qui peut être loin, qui fait ce que l’on aimerait faire, et inversement. Une sorte de frère d’âme, que l’on admire sans jamais le jalouser.”
Il s’intéresse aussi à l’astrologie, surtout pour son aspect poétique. Du signe du Lion, Olivier est “passionné, avec un fort besoin d’aimer et de se sentir aimé”. Il est aussi Singe en astrologie chinoise, et aime à faire le parallèle avec l’animal, qui retombe toujours sur ses pattes.

Son rapport aux voyages…

Attiré par l’inconnu et curieux de tout, Olivier Page trouve son équilibre entre son foyer et le reste du monde. “J’aime beaucoup cet aphorisme de Graham Greene : Où que tu ailles, quoi que tu fasses, si ton âme t’est étrangère, le monde te paraitra inhospitalier.” Or le fait de voyager lui donne à la fois un équilibre moral et physique, comme une douce thérapie. Son médecin le lui a d’ailleurs confirmé, son sang est celui d’un athlète ! Et pour ce qui est de la préparation du voyage, Olivier a toujours respecté le célèbre conseil : “Qui veut voyager loin ménage sa monture”, et ne se charge jamais de plus de 14 kg de bagages. Ce “routard” oscille donc entre excitation de l’inconnu et règles de vie saine!

Ce qui l’attire…

Les rencontres le motivent avant tout. Bien sûr, les paysages sensationnels le font rêver, mais le plus important reste les personnes qu’il croise sur son chemin. Ses plus grands souvenirs sont en Asie et en Amérique Latine. “J’aime le Japon, la Chine et le Vietnam pour leur différence radicale avec notre mode de vie, comme par exemple la pratique du Shinto au Japon, cette religion païenne antérieure au Bouddhisme.” Olivier est aussi  très attiré par l’Argentine et le Brésil, qui sont pour lui des pays de rencontres, où la barrière de la langue n’existe que très peu. La spontanéité et le naturel des Argentins l’enchantent.

Olivier Page en Malaisie

Quant à l’Asie… Olivier Page est rédacteur en chef des guides sur la Chine, le Japon et le Vietnam. Il connait bien ces pays et les aime profondément, en particulier parce que sa vie de couple, qu’il partage depuis 20 ans avec sa femme Vietnamienne, a modifié le cours naturel des choses. Cette histoire d’amour est d’ailleurs à elle seule digne d’un conte. S’ils se sont rencontrés lors d’une soirée interdite à Hô Chi Minh ville en 1983, c’est seulement quatre ans plus tard qu’ils se retrouvent, en France, alors que la jeune femme et son père sont chassés de  leur pays, pour trahison à un régime impitoyable. La France leur accordera l’asile politique, et Olivier les soutiendra durant cette période difficile. Une fois tous ces obstacles surmontés, ils purent se marier et donner naissance à leurs deux enfants, Vincent et Joséphine, âgés aujourd’hui de 21 et 17 ans.

Profession : journaliste voyageur

A la suite de ses études de Droit à Paris, au début des années 80, Olivier Page devient pigiste indépendant pour plusieurs journaux locaux et régionaux.

Il travaillera ensuite en tant que journaliste pour des magazines de renom comme Géo, Ça m’Intéresse, Ouest France ou encore pour le groupe Hachette, toujours en se spécialisant dans la rubrique Voyages.

C’est en 1986 qu’il rencontre Philippe Gloaguen, fondateur du Guide du Routard, dans les couloirs d’Hachette. Le guide a déjà plus de 10 ans d’existence et s’est imposé comme un ouvrage incontournable pour les voyageurs, en particulier les Français. Dans le milieu éditorial on peut dire que c’est une référence. Olivier s’était fait remarqué avec la publication, après un an de travail et d’enquête, d’un Guide Bleu spécial Bretagne. Philippe Gloaguen, franc et direct, lui propose donc de faire un test chez lui : une rubrique sur les druides, puis une sur les goémons, et enfin les crêpes ! Ce premier test réussi, il envoie Olivier en Corse, pour dénicher de bonnes adresses. Progressivement, Olivier Page s’intègre à l’équipe et ne la quittera plus. Il collaborera même avec Gloaguen sur un autre projet de 1990 à 1993, le guide “Hôtels et Restos de France”, qui à l’époque s’est vendu à 220.000 exemplaires.

Deux livres pour deux destinations à part

Olivier Page, au delà de ses articles et reportages, est aussi l‘auteur de deux livres publiés en 2007 et 2009. L’un comme l’autre sont des récits qui mettent en avant toute l’émotion éprouvée par des rencontres inattendues, des personnages bien vivants qu’Olivier a croisé au cours de deux grands voyages.

Les Terres de décembre, voyage en Patagonie chilienne (éditions Lucien Souny, 2007)

“Terres de décembre”, du nom que Magellan a donné à ces contrées inhospitalières, l’actuelle Patagonie chilienne, lorsqu’il les découvre en décembre 1520. Neuf mois de préparation ont été nécessaires à Olivier Page pour préparer ses huit semaines d’immersion au Chili, le long de la route nationale 7, appelée Carretera Austral. Dans son livre, il dresse parfaitement le décor hostile, agité et néanmoins merveilleux dans lequel il se trouve. Ce voyage en solitaire sur des terres vierges et sauvages lui a permis de faire de magnifiques rencontres,  fortuites ou avec d’étonnants personnages comme l’écrivain chilien Francisco Coloane, un an avant sa disparition.  Des personnes qui se sont confiées librement à Olivier, curieux de percer le mystère de ces caractères bien trempés, à la hauteur de la grandeur des paysages.

Dragon de Coeur (éditions Lucien Souny, 2009)

Cet autre ouvrage d’Olivier Page est dédié à un autre de ses pays de coeur : le Vietnam. C’est un pays qu’il connait en profondeur. Le titre du livre en exprime bien la dualité : le Dragon comme symbole de puissance et de paix, qui serait aussi selon les légendes une des divinités spirituelles du pays; et le Coeur, qui reflète les sentiments, l’humanité et la force mentale des Vietnamiens, qui aujourd’hui encore conservent une intégrité morale infaillible. Là encore des témoignages à coeur ouvert permettent de mieux cerner ces habitants, le long de la vieille route Mandarine.

L’avenir ?

On dit que “pour réussir sa vie, un homme doit avoir planté un arbre, écrit un livre et fait un enfant”. Olivier Page a déjà accompli ces actes. Il est en effet père de 2 enfants, auteur de 2 livres, et a planté un arbre en Equateur. Pourtant, “l’inconnu me dévore” dit-il en reprenant les termes de Xavier Grall, poète Breton. Alors pourquoi s’arrêter en si bon chemin, s’il ne fuit rien, mais au contraire recherche infiniment…