Madres de la Plaza, el pueblo les abraza!“. Ce refrain est repris en boucle par les milliers de personnes qui se sont pressés Plaza de Mayo pour suivre la 2000ème marche des Mères des Disparus de la Place de Mai. Argentine-Info s’est rendue sur place pour assister à cet événement historique. L’occasion pour nous de revenir sur le combat de ces résistantes.

 Marcha 2000

Marcha 2000 – Crédit photo : Romane Blanc

L’Événement 2000

2ooo jeudis sans manquer ce rendez-vous résistant unique au monde. Les noms des disparus sont énoncés les uns après les autres. Ce que à quoi les suiveurs répondent “presente“. Au pied de la Pyramide de Mai, sous les foulards blancs des Mères, étendards emblématiques de cette lutte, les photos des disparus qui eux, manquent encore et toujours à l’appel. “Presente“.
La ténacité de ces vieilles dames, qui n’ont d’ailleurs pas toutes, la force de réaliser  cette marche symbolique, force le respect. Et ce, que l’on adhère ou non à leurs idéaux politiques. Car évidemment, c’est une question à laquelle on ne peut échapper en Argentine. La figure de Cristina Kirchner, l’ex-présidente péroniste, est en effet omniprésente sur la place. Un observateur regrettera même que les opposants au président actuel, Mauricio Macri, se mêlent aux participants de la marche. Ces manifestants crient alors une autre ritournelle; “Macri, basura, vos sos la dictadura.“* La présidente de l’association des Mères de la Place de Mai, Hebe de Bonafini, a même réitéré son soutien à Kirchner lors de son discours et invité les militants à réitérer les manifestations contre le gouvernement Macri, qu’elle qualifie d'”ennemi”, les 26 et 27 août prochains.

Nous croisons une dame âgée qui peine à se frayer un chemin parmi la foule en furie. Aux passants, qui lui prient de faire attention, elle explique s’être déplacée dans le but de serrer coûte-que-coûte la main de Cristina.

 Marcha 2000

Marcha 2000 – Crédit photo : Romane Blanc

Le combat des Mères des Disparus

Le 30 avril 1977, un groupe de femmes, convoquées par Azucena Villaflor, se réunit Plaza de Mayo pour réclamer leurs enfants alors déclarés disparus. Un policier, faisant appliquer la loi en vigueur sous la dictature, leur dit qu’elles ne pouvaient pas se réunir là. “Circulez”, leur ordonna l’agent, et les femmes ont commencé à marcher autour de la Pyramide. Ce fut la première ronde.

Des personnes de tout Buenos Aires s’étaient alors rassemblées ce jour-là pour demander une audience au dictateur Jorge Rafael Videla pour qu’ils répondent de la disparition de leurs enfants.

Ce jeudi 11 août, “No somos 30 mil, somos millones” (en français, “Nous ne sommes pas 30 000, nous sommes des millions”) était un des slogans que l’on pouvait lire sur les différentes pancartes en réaction aux propos récents du Président Macri, lors d’une interview durant laquelle il a dit ne pas savoir si les disparus étaient 9 ou 30 000 et a traité Bonafini de folle.

Un peu avant la marche Place de Mai, les Mères s´étaient réunies au Congrès avec l’ex-présidente Cristina Fernández de Kirchner.

*En français: “Macri, ordure, tu es la dictature.”


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