Au 600 de l’Avenue Quintana, La Biela n’est pas seulement un bar de Buenos Aires, c’est un témoin de l’histoire de la capitale et de Recoleta. D’ailleurs il fait aujourd’hui partie des “bars notables” de la ville. La Biela compte dans sa clientèle bien plus d’habitués que de touristes. Mais ce n’est pas une raison pour ne pas aller profiter des rayons du soleil sur sa grande terrasse, à l’ombre des Arbres et à proximité du fameux Cimetière de Recoleta.
Source – Photo : Blmurch
Un endroit parfait pour profiter d’un après-midi ensoleillé
60% de la clientèle du café-restaurant sont des habitués qui viennent le matin et qui ont leurs petites habitudes. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’à ces horaires les serveurs sont toujours les mêmes. En effet, cela renforce l’image de tradition et de famille de La Biela. Vous y trouverez une cuisine classique, que vous pourrez savourer dans un cadre des plus confortables. Fangio, dont le portrait trône dans la salle principale, veille au grain.
Le café garde son âme d’antan au fil des années. D’une part on note sa décoration composée de photos en noir et blanc d’illustres champions automobiles. D’autre part, sautent aux yeux des pièces mécaniques qui rappellent bien le nom du bar. Vous serez donc entouré de radiateurs, klaxons et autres photos de champions d’époque pour déguster votre café.
La Biela
La biela, en français, la bielle, est bien cette pièce du moteur et qui permet l’articulation entre deux parties dans le but de produire une force. Pourquoi ce nom? La bielle de l’un des participants aux courses clandestines organisées dans Recoleta a justement rendue l’âme au coin de Quintana et de Junín. Le coureur “Bitito” Mieres, accompagné de ses amis, est alors entré dans le bar pour demander une bielle. Suite à cet épisode, la bande de compères a continué ses réunions dans le bar qui a, par la suite, changé de nom en l’honneur de ce moment.
Une notoriété grandissante
De par son histoire très riche et liée à celle de la ville de Buenos Aires, La Biela a été déclarée en 1999 comme lieu d’intérêt culturel de la ville de Buenos Aires. La Biela va même plus loin : son patron a signé, en Mai 2010, un accord avec l’INPROTUR (Institut National de Promotion Touristique) afin de faire partie de la “stratégie de marque du pays” pour promouvoir et transmettre les idées et valeurs de l’Argentine au delà de ses frontières.
La Biela a compté un certain nombre de célébrités parmi ses clients : Juan Domingo Perón, Madame Mitterand, Steve McQueen, Alain Delon, Francis Ford Coppola, Jorge Luis Borges ou encore Felipe Massa. La liste est encore bien longue, mais ces quelques noms vous montrent bien l’importance et la notoriété de ce café.
L’histoire de la Biela

La fameuse table utilisée par l’auteur argentin Bioy Casares.
Le bar au XIXeme siècle
Au milieu du XIX siècle, Recoleta était bien loin du quartier que l’on connait aujourd’hui. En effet, c’était un quartier mal famé, habité de paysans vivants dans leurs fermes et des routes menant au centre de la ville. A l’endroit du bar, s’élevait un relais de route. Il est ensuite devenu en bar-épicerie “la Pulpería Michelena” (du nom de sa propriétaire), très mal fréquenté. A partir de 1870, la bourgeoisie quitte le centre de la ville et s’établit à Recoleta pour fuir l’épidémie de peste qui touche la région.
Le bar au XXeme siècle
Par la suite le quartier s’embourgeoise, mais la clientèle du bar reste la même. Gabino Ezeiza y chante très régulièrement ses chansons gauchesques. En outre, Angel Villoldo y partage ses compositions de tango, genre qui, à l’époque, était réservé aux personnes avec des mœurs plus que douteuses. Le bar a par la suite changé de nom pour devenir “Viridita” puis l'”Aerobar“. En effet, sa clientèle principale était composée de l’Association Civile des Pilotes Argentins. Cela a permis au bar de redorer son blason. Par exemple, on vient y prendre un verre au sortir de la messe.
En 1950, le bar prend le nom qu’on lui connaît aujourd’hui : La Biela. C’est une époque pendant laquelle les amateurs de voitures de course s’y retrouvent. Par conséquent, ilsfinissent par en faire leur Quartier Général (après avoir été expulsés de leur lieu de réunion habituel). Tous les passionnés de course s’y retrouvent, même Juan Manuel Fangio (5 fois champion du monde de Formule 1). Par la suite, le bar a attiré tous les artistes, acteurs, politiques et écrivains de Buenos Aires.
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