Nous voilà dans le quartier historique de la Boca où nous partons à la rencontre de la coopérative Eloísa Cartonera!
Nous trouvons sans difficultés le local de l’association. À la esquina, nous sommes tout de suite interpellées par une vitrine tout en couleur, rouge, bleu, jaune, vert, les couleurs se mêlent et s’entremêlent. La première impression est divine car en entrant dans le petit atelier c’est cette fois un pan de mur servant de bibliothèque qui nous attire le regard. Des centaines de livres aux couvertures arc-en-ciel nous font face.
Photo – Source : Brolito
Nous faisons la rencontre d’Alejandro, Julian et des autres travailleurs de la coopérative. Imprimer, couper, coller, peindre et assembler, ici on est fabriquant de livres! Et pas de n’importe quel livre! Chez Eloísa Cartonera, on se veut atypique et c’est toute l’originalité du travail, on fait des couvertures en carton et ont les peint de toutes les couleurs! L’association est aussi un éditeur et a déjà fait paraître plus de 200 références d’auteurs d’Amérique Latine.
C’est le pinceau à la main qu’Alejandro, chef d’orchestre de la coopérative, nous parle de la naissance d’ Eloísa. “Somos un producto de la crisis“. Après la terrible crise de 2001, l’Argentine a vu considérablement augmenter son nombre de cartoneros. Activité marginale, les cartoneros vivent du recyclage et de la revente de cartons, plastiques et verres, matériaux qu’ils récupèrent dans la rue. C’est donc en 2003 dans ce contexte difficile et particulier, que le jeune écrivain argentin Washington Cucurto et l’artiste Javier Barilaro ont l’idée d’un tel concept.
Simple et efficace, la coopérative rachète des cartons en bon état aux cartoneros, à un prix un peu plus élevé que celui du marché (0.25 cts de pesos pour un carton). Ainsi elle leur donne la possibilité de toucher un revenu, mais aussi d’avoir une activité plus stable, car la coopérative a besoin de nouveaux cartons tous les jours.
Photo – Source : Brolito
Le bouche à oreille a beaucoup fonctionné entre les cartoneros, et depuis sa creátion la coopérative a considérablement grandit. On compte aujourd’hui près de 50 coopératives dans le monde entier, toutes basées et inspirées du concept original d’Eloísa. L’idée a même été importée en France, on connait par exemple Yvonnes Cartonera, créé à Paris en 2010, Cepisha Cartonera, basée à Clermont-Ferrand et créée en 2011. Et le concept ne cesse de croître, puisqu’on attend cette année à Toulouse l’ouverture d’une nouvelle coopérative Julieta Cartonera.
C’est grâce à la vente de ses livres, ses bénévoles et travailleurs que l’association vit depuis toutes ces années. Si vous voulez découvrir un de ces livres, rendez-vous directement dans le local de la Boca, ou dans les quelques librairies avec lesquelles Eloísa travaille, sur la rue Corrientes et dans le quartier de Palermo.
C’est dans la bonne humeur et en s’essayant à quelques peintures sur couvertures en carton que nous terminons cet après-midi tout en couleur! Les bénévoles sont les bienvenus ici, libres d’aller et venir, ils le disent eux-mêmes c’est « sin compromiso ». On vient aider, échanger et discuter autour d’un maté. Ambiance très familiale!
Pour la petite information, la coopérative s’appelle ainsi, car un des deux fondateurs serait tombé éperdument amoureux d’une certaine Eloísa…
Pour en savoir plus sur Eloísa Cartonera