Le 30 octobre 1983, Raúl Alfonsín est élu président de la Nation Argentine, ce qui met fin à la période de dictature militaire alors en place. Cela fait donc 30 ans que le pays a retrouvé un régime politique dans lequel chacun peut s’exprimer librement et partager son opinion. Retour sur l’histoire de ces trois décennies…

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1983 : la fin d’une période sombre

A partir de 1976, l’Argentine connaît une période de dictature militaire suite au coup d’Etat, mené entre autre par le général Videla, qui chasse Isabel Perón du pouvoir. Ce n’est qu’au début des années 80, du fait des revendications sociales, de la pression internationale, de la dénonciation de la violation des droits de l’homme et de la défaite des Malouines que la junte militaire se voit forcée de rendre le pouvoir : des élections démocratiques sont alors mises en place. Elles opposent le candidat péroniste Italo Luder, favorable à la loi d’autoamnistie dictée par les militaires, au radical Raúl Alfonsín, qui souhaite que les principaux leaders de la junte soient jugés. Ce dernier est finalement élu avec 52% des voix. Le 10 décembre 1983, le Président Alfonsín prend officiellement ses fonctions et la démocratie est rétablie en Argentine.

Les débuts de la démocratie

Le gouvernement d’Alfonsín, soutenu par le peuple, lance un mouvement de reconstruction national, ainsi que les procès des militaires de la dictature. Cependant, ceux-ci n’aboutissent pas réellement et le gouvernement promulgue en 1986 et 1987, pour faire face aux soulèvements militaires, les Loi du Point Final et Loi de l’Obéissance due : la première induit la prescription des crimes de la période, la deuxième protège les militaires ayant agi sous les ordres de leurs supérieurs. Les protestations sociales qui en découlent, ainsi que les difficultés économiques (inflation notamment) que rencontre le pays mènent à la fin du régime d’Alfonsín. En 1989, Carlos Saúl Menem (parti justicialiste ou péroniste) lui succède et impose plus de libéralisme économique, en s’éloignant quelque peu des fondements du parti péroniste. Les relations internationales sont renforcées, les performances économiques s’améliorent et le pays connaît une stabilité monétaire (inflation maîtrisée) grâce à l’établissement d’une parité fixe entre le peso et le dollar. Menem est réélu pour quatre ans en 1995. En 1999, les deux partis d’opposition Unión Cívica Radical (centre droit) et le FREPASO (Frente País Solidario) décident de former une alliance politique : Fernando De la Rúa, son candidat, est élu. A cette période, la situation économique connaît de nouvelles difficultés : crise mondiale, récession, hausse du déficit, endettement et chômage. Malgré ses efforts, l’Alliance, comme était surnommé le parti au pouvoir à l’époque, ne parvient pas à faire face et De la Rúa donne sa démission en 2001. L’Alliance est alors rompue.

De 2003 à aujourd’hui : le cycle kirchnériste

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L’Argentine connaît une très grave crise économique et après une période de flottement et de présidents en intérim, Néstor Kirchner est élu en 2003. Il poursuit la politique de dévaluation de la monnaie, qui permet la hausse des exportations et la fin du défaut de paiement dans lequel le pays se trouvait. Les indices de pauvreté et de chômage diminuent également. Sur le plan social, les droits de l’homme sont une priorité : de nouveaux procès de dictateurs ont lieu, les lois Point Final et d’Obéissance due sont annulées, les mères de la Plaza de Mayo sont aidées et dédommagées… En 2007, c’est la femme de Néstor Kirchner, Cristina, qui est élue à la tête du pays. Elle applique une politique expansionniste (hausse des dépenses publiques, programme de grands travaux) pour relancer l’économie, ainsi que des nationalisations d’entreprise (Aerolíneas Argentinas par exemple). Sur le plan des droits de l’Homme, elle s’inscrit dans la même lignée que celle de son mari. Elle est réélue en 2011 et ce jusqu’en 2015.

Célébration des 30 ans de démocratie

Pour célébrer cet anniversaire, plusieurs évènements sont organisés. Le gouvernement a lancé un concours de documentaire intitulé « 30 años de democracia », qui a pour objectif de réaffirmer l’importance de la démocratie et de ses valeurs. Les gagnants obtiendront le financement de leur projet ainsi que la diffusion de leur documentaire à la télévision. Dans un autre genre, le journal La Nación a créé un compte twitter qui retrace l’histoire des élections à travers la republication d’anciens articles de journaux, comme si l’on était réellement en 1983 !

Bien sûr, cet article ne retrace qu’une partie minime de la démocratie en Argentine et des aspects de sa vie politique mais permet d’avoir un aperçu de l’histoire récente du pays. Pour plus d’informations, vous pouvez notamment vous rendre au Musée du bicentenaire, qui permet d’en apprendre beaucoup sur l’Argentine et son histoire.