L’Argentine, pays du sud, réputé comme machiste, est pourtant un des pays les plus avancés au monde concernant les droits de la communauté LGBT ! Autorisation du mariage homosexuel, loi d’identité de genre permettant de changer de sexe facilement… On arrête pas le progrès ! Mais ces avancées législatives sont en décalage avec une société qui reste relativement conservatrice, et les discriminations envers les transsexuels notamment sont toujours d’actualité… Cependant, quelques initiatives de la part des associations LGBT et du gouvernement visent à mieux intégrer cette communauté.

Source : Wikipédia
Des avancées législatives révolutionnaires
Le 15 juillet 2010, l’Argentine, pays qui se dit catholique à 91%, a été le premier pays d’Amérique Latine et le 10ème pays mondial à autoriser le mariage homosexuel ! Adoption, sécurité sociale, jours de congés liés à la vie familiale, les couple mariés homosexuels ont désormais les mêmes droits que les couples hétérosexuels. Depuis 2013, plusieurs mariages transsexuels ont été célébrés en Argentine.
Le 9 mai 2012, a été voté la “Ley de identidad de género”. Cette loi permet à n’importe quel personne se sentant d’un autre sexe, de changer de genre en obtenant un nouveau passeport. Cette démarche est très facile à faire, pas besoin de faire plusieurs séances chez le psychologue ou d’obtenir l’accord d’un juge. On estime que plus de la moitié des transsexuels ont changé de genre suite à l’approbation de cette loi. Cette loi prévoyait aussi l’accès gratuit aux soins nécessaires pour changer de sexe dans les hopitaux privés et publics. Mais dans les faits, aucune clinique ne mettait en vigueur cette législation… jusqu’à cette année.
Le 29 mai 2015, le ministère de la Santé a approuvé un règlement mettant en application la loi sur l’identité sexuelle : les interventions chirurgicales et les traitements hormonaux auront l’obligation d’être appliqués gratuitement.
Enfin, en 2014, un projet de loi du parti kirchnériste avait suscité une vive polémique. Ce projet visait à indemniser les transsexuels de plus de 40 ans de 8000 pesos par mois pour compenser la faible espérance de vie de cette communauté ainsi que les discriminations incessantes. Mais ce projet n’a jamais vu jour, suite à l’indignation notamment des retraités, qui gagnent moins de la moitié de cette somme par mois.
En désaccord avec les mentalités…
Malgré ces lois très progressistes, nombreux sont les opposants aux avancées législatives pour les LGBT. Quand le mariage homosexuel a été autorisé, l’Eglise catholique avait appelé à la manifestation contre cette nouvelle législation et la société argentine elle-même était très partagée : 46,2% contre, 39,8% en sa faveur selon l’institut Isnomia.
Concernant les transsexuels, cette communauté souffre toujours de fortes discriminations, en particulier dans les régions où la culture machiste est très présente. Beaucoup se font expulser de leur propres foyers après avoir changé d’identité. 70% des transsexuels abandonnent le lycée et doivent se prostituer pour survivre. Quand la loi sur l’identité du genre a été voté, le cardinal Jorge Bergoglio à la tête de l’Eglise catholique argentine à l’époque, s’y est vivement opposé ! Aujourd’hui, le pape François considère que les opérations de changement de sexe vont contre l’ordre de la création.

Actrice transexuelle argentine Florencia de la V- Source: Wikipédia
Des initiatives pour mieux intégrer les transsexuels
Un programme gouvernemental a été mis en place dans une université à Buenos Aires afin de donner un accès à l’éducation à ceux qui ont décroché : mères de familles, jeunes en rupture, personnes plus âgés et.. transsexuels. Le but : permettre une meilleure inclusion de ces communautés dans le monde du travail, et ouvrir d’autres perspectives d’avenir que la rue pour les transsexuels.
Au lycée Mocha Celis, ils ont changé de sexe, et ont pour la plupart entre 20 et 30 ans. Ils n’ont pas pu poursuivre leurs études en raison des pressions et de l’exclusion scolaire dont ils ont été victime. Cet établissement accueille spécifiquement des travestis, transgènes, transsexuels qui peuvent aujourd’hui dans ce lieu fait pour eux, reprendre des études sans subir la discrimination de leurs professeurs ou de leurs camarades.
Les résultats de ces initiatives sont aujourd’hui encourageants, même si beaucoup continuent à travailler la nuit tout en suivant les cours la journée.
Et qu’en est-il en France ? Jusqu’en 2010, la transexualité était considérée comme une maladie mentale. Aucun texte de loi ne définit précisément les conditions permettant de modifier son état civil, les juges décident donc au cas par cas. En France, il faut obligatoirement passer devant un tribunal de grande instance, et être représenté par un avocat, et il faut avoir déjà changé de sexe, opération complexe que peu de chirurgiens pratiquent.
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