La cuisine argentine est très influencée par la cuisine italienne en raison du grand nombre d’immigrés d’origine italienne dans le pays. L’exemple des gnocchis (ñoquis en argentin) est très révélateur : les argentins en raffolent et ils ont même un jour qui leur est spécialement dédié !
Les 29 de chaque mois en effet, la tradition veut que l’on mange des gnocchis et de nombreux restaurants mettent en avant ce plat dans leurs menus ce jour-là.
Photo : Simenon
L’origine de cette tradition est riche et met en scène plusieurs légendes.
La première explication vient de la culture chrétienne italienne ancienne. Un certain San Pantaleon est le protagoniste de cette légende. Pantaleon était un médecin à Nicomédie au IIIème siècle dont la renommée était si impressionnante que l’empereur romain d’orient Dioclétien en fit son docteur personnel. Pourtant, un prêtre chrétien parvint à instiller le doute dans l’esprit rationnelle de ce scientifique en lui disant ces mots : “A quoi vous serviront vos connaissances, si vous ignorez la science du salut ?” Très curieux, le médecin promit d’y réfléchir. Il choisira finalement de se convertir après avoir été l’artisan d’une étonnante scène de miracle : Voyageant, il trouve un jour un garçon mort, piqué par une vipère. Pris par la grâce, il parvient à ressusciter le garçon et se met à croire en Dieu. La légende des Ñoquis intervient alors. Suite à sa conversion, Pantaleon décide de partir en pèlerinage à travers les lieux saints de l’Italie du nord. En chemin, il est l’auteur de nombreux miracle mais s’appauvrit également très vite (le voeu de pauvreté est courant chez les saints et martyrs chrétiens). Or, un certain 29 juillet, Pantaleon demande à un paysan de lui donner du pain. Homme au grand coeur, le paysan l’invite plutôt à partager son modeste repas, composé de … Ñoquis ! Touché par la générosité de l’homme, Pantaleon lui promet une année de pêches et de cultures abondantes. Vous connaissez ainsi la première légende à l’origine de cette tradition. Encore aujourd’hui, il est courant de placer quelques billets sous l’assiette en mangeant les gnocchis, rappelant le généreux paysan qui avait accueilli San Pantaleon, cela est sensé porter chance et prospérité. Pour la petite histoire, Pantaleon finira martyr après avoir été dénoncé par des confrères médecins jaloux (les Chrétiens étaient, à l’époque, encore persécutés) puis sera canonisé.
La fameuse tradition est encore respectée ! – emigrantealcuadrado
Passons à présent à la deuxième origine, beaucoup plus terre-à-terre et pragmatique que cette première légende.
Les immigrés italiens arrivés au début du siècle manquaient souvent d’argent à la fin du mois, et comme les gnocchis se font avec quelques pommes de terre, un peu de farine et un ou deux œufs, ce plat était très bon marché et donc adapté aux fins de mois difficiles. La tradition viendrait donc probablement de ces temps difficiles.
Mais une dernière anecdote se cache derrière le mot “ñoqui”. En Argentine, un “ñoqui” signifie également un fonctionnaire. Ce surnom vient de l’idée commune qu’un fonctionnaire ne travaille pas beaucoup, et qu’il ne se manifeste qu’une fois par mois, et généralement le 29 : pour prendre son salaire …
Vous connaissez maintenant l’origine de cette amusante coutume ! N’hésitez donc pas à vous faire un petit resto les 29 du mois, rico y barato assuré ! Bon ap’ !
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