La fin des chamuyeros (baratineurs) blablatteurs ? Certainement pas ! La fin du franchissement de la limite entre le compliment (piropo) sans arrière pensée et les agressions verbales et physiques envers les femmes en pleine rue? On l’espère…

Rue de San Telmo, à Buenos Aires – Source Flickr : Montecruz
Le Pérou a déjà agi il y a quelques mois au niveau juridique, et le pouvoir législatif en Argentine semble en passe de suivre le mouvement.
S’il est mondialement reconnu que les hommes des pays latins (Argentins inclus) ont la réputation d’être des dragueurs invétérés, la réalité est tout autre. S’il y a bien une majorité de poètes dans l’âme flattant les femmes de façon tout à fait polie et courtoise, une minorité se distingue malheureusement en harcelant des femmes de tous âges et n’hésite pas à franchir les limites, par des agressions verbales, mais aussi physiques…
L’un des derniers incidents en date a été publiquement dénoncé par Aixa Rizzo, la victime, qui, via une vidéo postée sur Youtube, a créé le buzz sur les réseaux sociaux au niveau national mais aussi international. Cette jeune étudiante de 20 ans y explique comment, début avril, elle a été harcelée par un groupe d’ouvriers la poursuivant jusqu’à ce qu’elle parvienne à leur échapper à l’aide d’une bombe lacrymogène et surtout grâce à un taxi passant au bon endroit au bon moment… Ne se contentant pas de relater les faits, elle dénonce les dérives et les failles du système Argentin en ce qui concerne le harcèlement de rue (voir vidéo ci-dessous).
Ce cri d’alarme a retenti alors que le rôle et la place de la femme dans la société Argentine semblent être sur le point de passer un cap, avec la multiplication ces derniers temps du nombre de rassemblements liés au droit à l’avortement, aux inégalités hommes-femmes qui subsistent, à la lutte contre les féminicides et donc désormais contre le harcèlement de rue.
C’est donc dans ce contexte tendu que fin avril, trois projets de loi ont été présentés, avec pour but premier de (re) définir concrètement ce qu’est le harcèlement de rue (acoso callejero), le rendre punissable et faire comprendre au peuple tout entier en quoi il consiste, et que le piropo (compliment, flatterie, usuel en Argentine) a ses limites. En effet, si certains utilisent le piropo de façon quelque peu excessive mais sans arrière pensée, il est décrit par beaucoup comme étant la source du problème, le harcèlement verbal étant selon eux une dérive de celui-ci.
Le chemin jusqu’à l’entrée en vigueur d’une loi risque d’être long, en partie à cause des débats qui promettent d’être interminables : Où commence le harcèlement et où s’arrête la flatterie, la galanterie ? Comment sensibiliser efficacement le peuple sans créer la paranoïa ? Comment aborder un sujet aussi sensible dans un pays où la «drague» (sous toutes ses formes, légales bien évidemment) est quelque chose plus qu’ancré dans la culture populaire ?
Sur ce dernier point, on peut compter sur nos amis Argentins qui savent se remettre en question et ne sont pas du genre à se laisser abattre ni à renoncer à leurs idées si facilement, même si cela implique de descendre dans la rue pour manifester pour se faire entendre!
Affaire à suivre donc…
Si cet article vous a plu, prenez le temps de lire ceux-ci :
> Les Cacerolazos ou la manifestation à l’argentine
> L’initiative Legislemos : l’Argentine montre l’exemple en matière de démocratie !
> 38ème Anniversaire des Mères et Grand-Mères de la Plaza de Mayo