La vague écologique a t-elle touchée l’Argentine? On peut se poser la question en voyant l’apparition de quelques engagements verts dans la capitale. Mais cette prise de conscience de quelques uns reste très marginale et centralisée seulement à Buenos Aires.

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Le concept de protection de l’environnement et des mouvements écologiques est encore très loin des préoccupations quotidiennes des Argentins et de son gouvernement. Il peut être surprenant parfois de voir que chez un Argentin on jette de tout dans la poubelle de la cuisine! Pas de tri entre le verre, le plastique et autres détritus. Dans les supermarchés on vous donne souvent des sacs plastiques “à foison” même si vous n’avez qu’un ou deux articles. Pas rare non plus de voir qu’on jette sans un pincement au coeur papiers et autre détritus dans la rue.

Mais alors pourquoi l’Argentine ne fait pas de l’environnement un sujet fondamental pour son pays? Tout simplement parce que les Argentins ont des préoccupations quotidiennes plus fortes : le chômage, l’inflation. L’impression trompeuse d’abondance des ressources naturelles a aussi joué car l’Argentine en est dotée de nombreuses (eau douce, gaz, pétrole…) et n’a donc jamais connu de crise énergétique, d’où ce désintérêt pour les préoccupations environnementales.

Il faut noter que les politiques du gouvernement ont aussi un rôle prédominant dans cet engagement écologique. Il a d’abord adopté une politique de subsidios (aides) aux ménages, les Argentins paient  environ 50 pesos par trimestre (10€) pour l’électricité, autant dire quasiment rien! Les habitants de Buenos Aires consommeraient près de 370 litres d’eau par jour, soit deux fois plus que les Parisiens! L’eau se paie au forfait et est souvent inclus dans le loyer, difficile donc de se rendre compte de sa consommation et de prendre alors conscience de l’enjeu écologique.

On voit pourtant quelques prémisses de mouvements en faveur de l’environnement. Des formes de recyclages existent déjà. Le principe de la “consigne” par exemple, vous achetez une bouteille (souvent de cerveza) puis une fois vide vous pouvez  la ramener à l’épicerie pour ainsi avoir la possibilité d’acheter la suivante moins chère. Ces bouteilles en verre sont ensuite réutilisées. On peut aussi parler des cartoneros, ces Argentins qui fouillent les poubelles le soir à la recherche de cartons, verres, plastiques et tout ce qui peut être recyclé. D’un point de vue social, la question des cartoneros est délicate mais d’un point de vue environnemental, on peut dire qu’ils font un travail indispensable pour la ville de Buenos Aires. D’ailleurs certains ont commencé à traiter avec des entreprises (hôtels Home ou Casa Calma) pour passer récupérer et recycler leurs déchets.

On a aussi vu des évènements en faveur de l’écologie avoir lieu à Buenos Aires, le dernier en date “Río+Vos” (article du 19/04/2012), mais aussi des initiatives gouvernementales telles que le dispositif “Mejor en Bici” (l’équivalent du vélib’ à Paris) qui donne un premier souffle vert sur l’Argentine. On espère qu’elle continuera sur sa lancée!