Argentine-Info est allé découvrir pour vous cette exposition photo réalisée par Silvia Gago et Antonela Tossici, actuellement au Musée d’Art Populaire José Hernández. Elle est le résultat artistique de plusieurs voyages d’études de la communauté Wichí du Lote 75 à Embarcación, ville de la province de Salta, dans le Nord-Ouest de l’Argentine.
Monte Minado – Photo : Buenos Aires Ciudad
Anthropologie artistique
L’exposition présente l’univers de la femme wichí et sa relation vitale avec la montagne (le Monte Minado) en travaillant sur l’idée de la femme comme « mine ».
Ce terme (« mina » en espagnol) peut avoir ici plusieurs acceptions. En effet, il est d’abord employé par les habitants de la capitale pour désigner une belle femme. Il peut également, dans un langage métaphorique, se référer au corps de la femme comme source de richesses. La femme serait une « mine d’or ». Le spectateur peut aussi penser à l’énorme force explosive, invisible pour l’homme, d’une mine.
La femme wichí est ainsi présentée comme la force occulte de la montagne, pleine de trésors qui se découvrent à condition que l’on s’aventure dans leur intimité. Et c’est ce que les auteurs de cette exposition ont fait tout au long de l’année 2014 afin de compléter leur thèse doctorale et ce qu’elles vous invitent à faire.
Au premier étage du Musée José Hernandez, vous vous retrouverez alors dans une atmosphère rosée ponctuée de motifs fleuris, clin d’œil aux jupes bariolées des femmes de la communauté indigène. L’œuvre sensibilise le spectateur à travers les yeux féminins cependant. Il s’agit d’un jeu de regard, d’une réflexion sur la communication que génère un échange sans paroles. Les photographies et le matériel audiovisuel vous permettront d’entrer dans l’univers méconnu des femmes wichís mais aussi de vous interroger sur le vôtre.
Vous ferez face aux grands portraits de neuf femmes aux regards tantôt fuyants tantôt perçants. De Dora, la grand-mère méfiante à Marta, la sage-femme du village illettrée, ces forces de la nature vous régaleront toutes un témoignage touchant et une part de réalité ; les difficultés liées aux inondations pendant la saison humide, le problème de l’analphabétisme, la rancœur vis-à-vis des « blancs » qui les ont pillées et se sont appropriées leurs terres ancestrales, les épidémies mais aussi, la fierté de maîtriser un savoir-faire textile ou tout simplement de résister. Elles forcent l’humilité.
La communauté Wichí
L’exposition sera une belle occasion pour découvrir la communauté Wichí, une des ethnies les plus nombreuses du territoire argentin. Le mot « wichí » signifie « gens » ou « peuple » dans la langue du même nom. Les membres de cette ethnie ont commencé à se sédentariser en s’installant à partir du 16ème siècle près des fleuves, dans la région du Chaco, de Salta et de Formosa, dans le Nord de l’Argentine.
Province de Salta – Photo : Wikimedia
Les Wichís vivent principalement des récoltes saisonnières mais aussi de la couture, de pêche et de petit artisanat. Ils logent dans des huttes faites de bric et de broc.
Depuis l’arrivée des colons européens jusqu’à aujourd’hui, les wichís ont souffert du recul constant de leurs frontières. Comme la plupart des peules d’origine du continent, leurs territoires ancestraux ont été pillés et appropriés par la force et ils tentent de les récupérer et faire valoir leurs droits. En outre, ils souffrent d’épidémies fréquentes et environ 50% de la population est analphabète. Cependant, l’éducation est en constante augmentation.
Ne manquez cette découverte originale d’un des peuples « originaires » d’Argentine. A vous faire baisser les yeux… En ce moment, des expositions exceptionnelles en hommage au bicentenaire de l’indépendance de l’Argentine sont aussi au programme du Musée d’Art Populaire José Hernández, situé à quelques pas du MALBA.
Cet article vous a plu? Vous aimeriez aussi…
- MALBA, Museo de Artes Latinoamericano de Buenos Aires
- Retour sur les principaux peuples indigènes d’Argentine
- Excursion à Salta et sa région !