Bien que les sujets environnementaux ne cessent de préoccuper le gouvernement argentin, il reste toutefois encore beaucoup de travail à faire pour être considéré comme un bon élève en matière d’écologie. Et l’un des sujets encore très délicat est le cas du fleuve Riachuelo. En effet ce fleuve est considéré comme un des fleuves les plus pollués au monde et reste le déclencheur d’importantes maladies. La question du fleuve Riachuelo qui a refait surface il y a peu, suite à une étude qui a prouvé que 80% de la pollution du fleuve provenait des égouts de la ville.

Une partie du fleuve Ríachuelo à Villa 21/24 – Wikimédia Commons

Pourquoi  est-ce un fleuve pollué ?

Il ne vous aura pas échappé que la pollution est un problème de taille pour le gouvernement porteño. Le Matanza-Riachuelo est un fleuve long de 64 kms qui passe par les quartiers sud de la capitale ainsi que par les villes de Ezeiza, Avellaneda, Cañuelas ou encore San Vicente. Il se jette ensuite dans le Rio de la Plata. Une des raisons de sa forte pollution est en partie due au fait qu’il longe la Villa 21/24. Le quartier le plus misérable de la banlieue de la capitale… Cela peut expliquer le fait que l’on retrouve aujourd’hui dans le fleuve des dizaines de voitures volées ou désassemblées. Après avoir retiré 64 épaves de bateaux, le gouvernement s’est attaqué aux carcasses de voitures et a récemment annoncé en avoir retirées plus de 50. 

Car le fleuve est toujours un marqueur de la pauvreté de masse qui touche cette partie de la ville. En plus des carcasses de voitures et des navires en décomposition, il n’est pas rare de retrouver des cadavres au milieu des eaux.  Beaucoup de mercure, plomb ou encore zinc à un taux 50 fois supérieur à la normal. Ceci est explicable par une très forte présence industrielle. En effet on dénombre pas moins de 15 000 industries aux abords du fleuve dont 1500 qui sont directement responsables de la pollution du fleuve.

 

Le fleuve Ríachuelo dans le quartier de la Boca – Commons Wikipédia

Les mesures mises en oeuvre par l’Etat

Un important effort de dépollution des eaux et des rives a été entrepris depuis plusieurs années par la municipalité, et le Riachuelo commence doucement à retrouver une forme acceptable, du moins sur certains segments. Il faut reconnaître que depuis 2012 l’Etat a retiré une importante quantité de voitures, métaux et objets nocifs du fleuve. Ainsi l’air y est enfin devenu plus respirable. Mais la route est encore longue…

L’autre problème à régler pour l’Etat c’est de régler la pauvreté permanente des quartiers bordants le fleuve. En effet des familles ont bâti des habitations sommaires en bois en prenant comme fondation les tas de déchets qui se sont formés au bord du fleuve. En nettoyant le Río Riachuelo de ces ordures, l’Etat a détruit de nombreuses habitations. Mais il s’était engagé à reloger ces personnes. Pour  le moment, seul 412 des 1836 (!) familles vivant sur ces ordures ont été relogées.

Si l’on peut saluer cette initiative publique qui vise à redorer l’image de ce fleuve et à le rendre plus fréquentable, reste la question de l’entretien après le nettoyage : il faudra éviter un nouveau cycle de pollution, et cela passera sans surprise par le combat contre la pauvreté et l’insalubrité de Villa 21-24, qui reste encore aujourd’hui une zone de quasi non-droit.


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