Buenos Aires a toujours été considérée comme la capitale gay de l’Amérique du Sud. Pourtant s’il est aujourd’hui légalisé, le mariage homosexuel a, comme dans de nombreux pays, soulevé beaucoup de débats et mis un certain temps avant d’être adopté en Argentine. Revenons un peu sur la place des homosexuels en Argentine !
L’Argentine, une longueur d’avance
L’Argentine a toujours eu beaucoup d’avance sur les autres pays d’Amérique Latine en ce qui concerne l’égalité des droits entre couples hétérosexuels et homosexuels. En effet, dès 2002, la ville autonome de Buenos Aires rend possible une union civile entre deux personnes du même sexe, suivi par la Province de Río Negro en 2003, la ville de Villa Carlos Paz en 2007, et la ville de Río Cuarto en 2009. Ces unions civiles sont, en quelque sorte l’équivalent du PACS français, néanmoins elles ne permettent ni les droits de succession, ni le droit à l’adoption.
Le mariage homosexuel : une longue épopée judiciaire et parlementaire
Une nouvelle avancée survient en août 2008, avec la reconnaissance par l’Etat argentin d’une cohabitation non enregistrée : un couple homosexuel vivant ensemble depuis plus de 5 ans peut recevoir les pensions du partenaire décédé. C’est pas de plus vers les droits de succession, et vers le mariage.
Le 13 novembre 2009, le premier mariage homosexuel est autorisé par un juge à Buenos Aires, ce dernier évoque le motif que « la loi doit traiter tout le monde avec le même respect ». Fausse alerte, néanmoins, car les juges porteños reviennent sur cette décision et interdisent finalement au mariage de se tenir à Buenos Aires. Ce dernier se tient finalement le 28 décembre 2009 à Ushuaïa, c’est le premier mariage homosexuel d’Amérique Latine !
Photo : Kevin Dooley
Malgré une très forte proportion de catholiques parmi la population (91% des Argentins se déclarent catholiques), les Argentins sont également largement favorables au mariage homosexuel puisqu’un sondage effectué en 2010 estime à 70% le pourcentage d’Argentins favorables à une loi autorisant de tels mariages.
La politique se met donc également en marche : dès 2009, des déclarations très favorables au mariage homosexuel sont enregistrées de la bouche de la présidente Cristina Kirchner, laquelle confie que son mari était déjà pour la légalisation du mariage homosexuel.
Il faut attendre le 5 mai 2010 pour qu’un projet de loi soit présenté à la chambre des députés, lesquels l’acceptent avec 126 voix pour, 109 contre et rien de moins que 12h de débat ! Cette décision provoqua immédiatement de fortes manifestations de catholiques et de conservateurs luttant contre le texte de loi.
Le Congrès argentin – Photo Jacobo Tarrío
L’étape suivante pour la loi était la validation par le sénat. Comme les députés, ces derniers hésitèrent longuement : 14h de débat pour finalement adopter le texte à 33 voix contre 27, le 15 juillet 2010 ! La présidente Cristina Kirchner signe la loi le 21 juillet. Elle rentre finalement au bulletin officiel le 22 juillet 2010.
La loi adoptée, et maintenant… ?
La loi permet donc maintenant aux couples homosexuels d’être considérés exactement comme les couples hétérosexuels. Ils peuvent ainsi adopter des enfants.
Au-delà du seul changement dans la vie de l’ensemble de la communauté homosexuelle argentine, cette loi a ouvert de nouvelles opportunités au tourisme argentin. En effet, déjà traditionnellement reconnu comme une destination “gay-friendly”, le tourisme gay devrait encore augmenter de manière conséquente, surtout à Buenos Aires. En 2008, cette branche du tourisme représentait déjà 1,1 milliard de dollars dans le pays dont plus de 800.000$ pour la seule Buenos Aires, imaginez ce que l’Argentine peut à présent espérer avec sa nouvelle image de pays particulièrement ouvert et tolérant.
Photo : Charlie Nguyen
Le pays propose même à des étrangers de venir en Argentine pour se marier !
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